ça ne marche pas
J'arrive plus à
respirer, je finis toujours par me retrouver coincée entre le manque d'air, le
manque d'ambition, la liberté des autres. J'avais oublié le voile gris des
jours d'école, qui pèse devant le regard superficiel de la fille méfiante que
je forme- déforme- reforme surtout.
J'avais lu un
livre érotique plutôt mauvais, il y a quelques temps. Le seul passage que j'ai
retenu était celui d'un homme, plutôt banal, et plongé au plus profond du
mensonge de l'inceste, du jour au lendemain. 'I am The Worst'.
Et ça résonne
dans ma tête sur le son de la culpabilité. C'est peut être parce que j'ai été
élevée comme ça après tout. Et ça n'en finis pas de me ronger, comme un mauvais
bois bouffé par les mites. Entre autres comparaisons navrantes, me poursuit un
drôle de glas: le bruit d'une bouteille que l'on vide et dont le contenu
s'écrase sur le sol... continue de couler...
- A chaque fois,
j'ai l'impression d'être ce qu'il se fait de pire. Il y a l'ingratitude,
l'égoïsme, le mépris, le manque de respect, l'abscence de considération...
Parfois pire que de me sentir suppôt Satanique, je me sens l'âme de la
bouteille vidée, et puis on me remplit de l'eau séante. L'océan des immondices
je veux dire, celui dans lequel tout le monde trame. C'est dégueulasse. Et ça
ne me révolte pas plus que ça. Pourquoi suis aspirée par ces maux? Pourtant, ce
n'est pas la solution de facilité. Est ce que c'est seulement parceque la
définition du méchant et du gentil change selon les individus?Il n'est plus
question d'être seul. Je sais que tout le monde entier est seul, et que je ne
le serai jamais réellement, seule. J'aurai toujours la force de m'aggriper aux
passants qui ont des jolis yeux, des jolis mots, que je finirai par aimer à la
Platon et qui souhaiterons seulement me poster dans leur champs de vision (ils
m'aimeraient à la Platon, eux aussi. Platon, c'était un vieux rital qui perdait
ses cheveux, il a écrit des trucs marrants mais là n'est pas le sujet)... J'ai
envie d'avoir les ongles longs et griffus pour déchirer tout ce qui me passe
devant, matérialiser la frustation en effusion de sang, et trouver ce qu'il me
manque de vie. Mais mon angoisse naturelle me fait me manger les doigts.
Remarque je saigne aussi, des fois, mais c'est pas aussi spectaculaire. Avec du
cran, j'aurai l'ambition de m'arracher les cordes vocales et les faire exploser
au dessus d'une foule en délire. « Ya aaaaall f*ckin
squireeeells ! » Succès ou pas, ça m’aurait fait un moyen de jouir,
mais faut croire que je suis une méchante ratée, qui n’a pas pu aller et qui ne
pourra pas aller jusqu’au bout de ses ressentiments. Elle est où ta
perfection ! Pour se faire
entendre, faut crier, faut jurer, et y’a que ça de vrai. L’humilité ne sers pas
à ce qui nous rend bon, je me suis trompée depuis le début. L’enfer c’est les
autres, mais c’est l’enfer qui a toujours raison, moi j’ai tort, et sans cesse,
sans la prétention d’être une erreur, j’en suis venue à plusieurs conclusions.
J’existe à travers des yeux. Des yeux que je devrais crever mais je n’aurai pas
assez de mes deux mains, et puis, soyons honnêtes, c’est pas dégoutant un
œil ?! Qu’est ce que je fais maintenant ?
Dis.
Hein ?
T’as pas de
réponses . Tu m’as lâché au pied du mur à l’envers. Le mur à l’envers, c’est un
fossé, immense. Je suis qu’au bord, j’ai pas à me plaindre d’être au fond. Du
coup ceux sur le mur me regardent de haut et se permettent de baver ou de
cracher, par chance ça tombe ça côté le plus souvent. Et ceux du fond
s’indignent. « Pourquoi t’y es pas, toi, au fond ?! » .
Parceque. Parceque... Et aussi parceque j’ai pas envie de sauter. Si j’avais
qu’à tendre la main, je le ferai. Me tirez pas.
-Je voulais te
dire de te la fermer, mais au fond, c’est ce que tu fais tout le temps. Les
mots perdus. Personne ne t’entends B., désolé. Tout paraît plus beau à côté de
toi, parceque tu n’existes pas.
-Je n’existe pas.
-Pas comme il le
faut. Tu n’es qu’une image. Comme en mathématiques, une prime, une image.
-Je n’existe pas…
-Pas
encore,et si seulement il y a un futur.
-No future, no
future. Tu vas finir par me déprimer , je m’en sortais pas mal ces temps
ci…
-Tu t’en sortiras
j’en suis sûre. Faut pas compter sur les …autres, faut arrêter d’y croire ma
vieille.
-On se
répète . On se répète . Je me répète plutôt. Faut arrêter le délire de schyso également. Je vais exploser avant de disparaître à force
de ne pas exister.